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Parce que je le vaux bien
7 février 2006

Honorons le Dieu Ego

Je viens de remarquer qu'il est très facile de culpabiliser, particulièrement en vacances. Là, j'imagine bien la tête de quelques connaissances qui doivent se demander : où ai-je pu loger dans mon corps tout entier consacré au Mépris de l'Autre quelques milligrammes de Conscience ? That is the question, comme dirait l'autre. C'est vrai que passer sa vie les paupières baissées à lever un sourcil de temps à autre, ça laisse pas beaucoup de place aux sourires contrits et autres bontés. Donc, forcément, inévitablement, inéluctablement même (soyons fous), ma culpabilité sera essentiellement centrée sur moi-même. Je culpabilise égocentriquement, moi, par pur esprit de contradiction sans doute. Donc, je vais culpabiliser pour MES Maths (ne-jamais-remettre-au-lendemain-ce-qui-peut-être-fait-le-jour-même, tu le sais, que tu as largement le temps de recopier tes cours, de commencer ce DM si attrayant, etc), par exemple. Ou MON lecteur Mp3 (ça fait trois mois qu'il fait la djeule, ça n'est plus possible, tu t'en doutes, qu'il faut consulter, passer au service compétent de la Fnac, ça demande tant de courage ?). Certainement pas sur les préoccupations d'autrui (mais oui, tu avais dit que tu l'appellerais, mais enfin, les hommes politiques promettent bien de sauver la France, y'a pas mort d'homme). Ce qui devrait considérablement alléger le fardeau : en temps normal, notre Jiminy Cricket perso doit supporter et la culpabilité envers soi-même (j'aurais-du-j'aurais-du-j'aurais-du-j'...) et celle envers la, voire les (quand on est carrément machiavélique), victime(s) (c'est-à-cause-de-moi-si...). D'où l'avantage de centrer ces problèmes sur son nombril : on a les conséquences de ses propres actes, et personne d'autre n'est dans la mouise par notre faute, si ce n'est nous-même. Or, dans mon cas, l'avantage est nul : sachant que l'importance que j'attache à ma petite personne est pour le moment inégalée, quand je me suis mise dans la mouise, non seulement je dois regretter d'être dans la mouise, mais surtout je dois culpabiliser d'y avoir mis un être si aimé, si supérieur au reste des (humbles) mortels : MOI. J'vous assure que c'est très dur. La populace pense qu'être méprisant(e), c'est d'une facilité déconcertante, il suffit de prendre un ton de voix traînant, et de ne surtout jamais manifester un quelconque intérêt pour un sujet extérieur à soi-même, en rabaissant au passage si possible ce sujet indigne de notre attention. Haha, ça serait trop facile. Il y a aussi des inconvénients. Genre, pas le droit de s'extasier quand on a des Extrêmes Magnum à la cantoche, non, il faut rester stoïque (toujours), éventuellement montrer comment il a fondu c'est de la purée, et en profiter pour placer une remarque bien sentie à l'encontre du cuisinier qui interdit l'illimité en desserts. Sujet existenciel parmi tant d'autres. D'autres fois certes le Dédain est très utile. Genre, quand on te parle de bleu Klein, tu peux soit : prendre un air ahuri (et on va te dire que tu es sous-culturé(e)), ou bien lever un sourcil. Sous-entendu "quel est cet indigne personnage qui ose s'estimer supérieur à moi sous prétexte qu'il a trempé des femmes dans du bleu, hmm ?", et on peut même s'octroyer la frivolité d'un léger surélèvement d'un coin de la lèvre en un quart de demi-sourire ironique, signifiant ici : "il se croit content lui, en ayant baptisé une couleur de son nom, j'te signale que moi, j'ai une fusée et un des plus célèbres vers de la littérature française consacrés à mon prénom, alors va donc nous étaler tes éponges bleues ailleurs".

Quel est ce Monde pourri où l'on ne peut même plus mépriser l'Humanité en paix sans devoir se prendre la tête avec des scrupules ? Un exil dans les cachots de mon lycée me paraît de plus en plus attirant. Histoire de dédaigner les araignées en paix.

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Commentaires
F
Je suis l'exception qui confirme la règle.
E
Eh bien moi, le sens profondément latin, c'est "joie". Na. <br /> Ouais, ça me va super bien, je sais.
S
Je sais pas si moi ou quoi (mais ça doit être moi sûrement) mais la presque totalité de ta note m'a échappé o0.
F
*nan j'déconne hein, huhu<br /> <br /> voilà comme tu as pu voir, j'ai fait une bourde, et une !
F
*doucement doucement (ça yest pure martiniquaise :p)<br /> <br /> Ouais un nouveau blog, en retard je suis comme d'hab', super épisode, magnifiquement philosophiqué tout ça.
Parce que je le vaux bien
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